Expositions / Exhibitions

Masquerade: be another

Exposition collective à la Stephen Lawrence Gallery, Greenwich, Londres
12.04-10.05.2013

Artistes : Dan Coombs, Ian Dawson, Ole Hagen, Peter Lamb, David Lock, Scott O’Rourke, Fernando Palma, Alicia Paz, Lucia Pizzani, Plastique Fantastique, Lindsay Seers
Commissariat : Eléonore Gros & Alicia Paz

Depuis sa création il y a des millénaires, le masque a toujours occupé une place fondamentale dans les cultures anciennes grâce à ses propriétés spirituelles, rituelles, protectrices mais aussi divertissantes si l’on se réfère davantage à la culture occidentale. Objet attrayant offrant l’anonymat, le masque permet de stimuler le comportement par la création d’un alter-ego, et donne lieu à la représentation d’archétypes et de stéréotypes sociaux. Encore aujourd’hui, le masque reste un sujet large à traiter dans sa complexité universelle et bien entendu toujours contemporaine.

Cette exposition de groupe explorera les multiples facettes du ‘masque’ à travers différents médias et points de vue, traitant le sujet littéralement et métaphoriquement.

Le masque, de nature intrinsèquement paradoxale, donne une alternative à la représentation de l’identité, d’être et de ne pas être à la fois. A travers les âges et les différentes cultures mais aussi au travers de la littérature anthropologique, le masque a le plus souvent été découvert dans des contextes évoquant un changement radical comme les passages importants de la vie tels que la naissance, le mariage, la mort etc… Dans cet esprit de transition, le masque permet alors de lier les opposés et transgresser les frontières existentielles et sociales.

«(…) the transforming role of masks is developmentally most dramatic in their association with the greatest paradoxes of all – that is, with creation and destruction, birth and death. In these most moving and difficult transitions, the use of masks illustrates the continued attempt to confront paradox by recourse to personification, to state that mutability is a precondition of personality rather than an aberration.»1

En Occident, le masque a souvent été vu comme un objet malfaisant et insincère, un ressenti qui nous pousse à distinguer la persona de la personnalité, c’est-à-dire choisir entre « jouer un rôle » ou être soi-même. Pourtant cette distinction est peu visible dans beaucoup d’autres cultures où la combinaison des deux est réalisable à travers une plus grande complicité personnelle et métaphysique avec la notion d’ambivalence.

Les artistes dans cette exposition examineront le sens de la perception, la mimésis, la transformation et la mutabilité comme des fonctions qui ne sont pas seulement celles d’une personae dramatique mais aussi d’une personnalité cachée en général tout en intégrant le rôle cathartique de la séparation et du changement comme la première étape vers la compréhension du ‘soi’ comme unité.

Plongée dans les états psychologiques chaotiques de l’être humain, cette exposition explorera la nature dualiste de l’Homme et appuiera sur l’acceptation de la tension inhérence à cette inconstance. L’aliénation et l’effet de distance provoqués par les masques peuvent être également présentés d’un point de vue critique et politique.

«Masks are, without a doubt, heresy to any sort of positivistic psychology, because they suggest a sensibility to multiplicity and for saltatory change. They also challenge our perceptions of what is ethical. How do we attribute intentions and responsibility to personages whose images of themselves literally shift from plane to plane, in and out of focus?»2

La pratique artistique sera ici présentée comme un ‘masque’, un espace dans lequel la peinture est considérée alors comme une seconde peau, une sculpture comme un corps alternatif ; de la photographie et de la vidéo tourmentées comme des doppelgängers. Les dynamiques de l’auto-représentation seront réinventées, renversant la tendance à travers le déploiement de la création d’alter egos, la ventrilquie, le déguisement, et aussi le camouflage. Dans la lignée des Futuristes Italiens qui faisaient usage de l’architecture, d’éléments cinétiques, de lumières et de sons comme signifiants de la personnification dans leurs performances scéniques sans acteur, les artistes pourront ici choisir d’aborder le thème différemment en développant une interprétation moins littérale du sujet à travers des métaphores formelles ou conceptuelles.

Dans un sens plus contemporain, nous pouvons aussi explorer le fait de porter un masque comme le reflet des multiples rôles que nous devons endosser dans la société d’aujourd’hui : les masques sont utilisés dans les domaines du sport, du travail, de la culture populaire, du cinéma, de la médecine/chirurgie plastique, et dans l’industrie du sexe. Les éléments de Design, de l’ornement ou de la dissimulation mais également les soins du corps peuvent être aussi mises en jeu. Une plus large interprétation du concept du masque peut inclure les lunettes de vue et les lunettes de soleil. Ici encore, le symbolisme et l’image peuvent dominer la fonction et fournir au porteur du masque une nouvelle identité.

1 «Masks, Transformation and Paradox», A.David Napier, foreword by Rodney Needham. University of California Press, 1986.
«(…) Le rôle de transformation du masque est sur le plan du développement plus dramatique dans ses associations avec le plus grand paradoxe – qui est, avec la création et la destruction, la naissance et la mort. Au travers de ses transitions émouvantes et difficiles, l’utilisation des masques illustre la continuelle tentative de confronter le paradoxe au recours de la personnification, d’indiquer que cette mutabilité est une condition requise de l’être plutôt qu’une aberration.» Traduction : Eléonore Gros

2 Ibid.
«Les masques sont, sans aucun doute, une hérésie pour toute psychologie positive, parce qu’il suggèrent une sensibilité à la multiplicité et à un changement salutaire. Ils mettent aussi à l’épreuve les perceptions que nous avons quant à l’éthique. Comment pouvons nous attribuer des intentions et des responsabilités à des personnages qui ont une image d’eux-mêmes sans cesse différente selon la lumière dans laquelle ils se mirent ?» Traduction : Eléonore Gros

Vue d’exposition, Masquerade: be another, Stephence Lawrence Gallery, Londres, 2013
Vue d’exposition, Masquerade: be another, Stephence Lawrence Gallery, Londres, 2013
Vue d’exposition, Masquerade: be another, Stephence Lawrence Gallery, Londres, 2013
Scott O’Rourke, Masquerade: be another, Stephence Lawrence Gallery, Londres, 2013
Fernando Palma, Masquerade: be another, Stephence Lawrence Gallery, Londres, 2013
Vue d’exposition, Masquerade: be another, Stephence Lawrence Gallery, Londres, 2013
Plastique Fantastique, Masquerade: be another, Stephence Lawrence Gallery, Londres, 2013

© Eléonore Gros, 2013