Textes d'expositions / Exhibition texts

Arina Essipowitsch « Habitus »

Exposition collective à Ein Areal, Wuppertal, Allemagne
08-30.10.2016

Arina Essipowitsch aime raconter des histoires avec son appareil photo. Celle-ci se déroule à Leipzig où elle est actuellement en résidence. Pour ce projet, Habitus, elle compose, tel un chant polyphonique à trois voix, un patchwork photographique utilisant trois formats et techniques différents, comme autant de témoins d’une même histoire. Alors que les Polaroids capturent la froide réalité, les photographies tirées en noir et blanc traduisent l’ambivalence d’une ville perdue dans le temps.

Longtemps restée sous la domination soviétique pendant la guerre froide, Leipzig expérimente aujourd’hui son renouveau, devenant une bulle idéale pour la jeune génération. Encore quelque peu éloignée des diktats capitalistes, la ville apparaît comme un lieu utopique où une dilatation du temps coexiste avec l’idée de bonheur.

Dans ses photographies, Arina Essipowitsch révèle une certaine instabilité émotionnelle portée par cette jeunesse, à travers le portrait d’une jeune fille fragile tiraillée entre son récit personnel et un passé inconnu auquel elle tente de se rattacher.

En réunissant des vestiges de la RDA et des objets festifs contemporains, l’artiste expose l’illusion d’une vie prospère à Leipzig. Les lieux et les forêts aux couleurs saturées saisis sur d’anciennes bobines de films de la RDA ne sont pas rassurants. Là où la lumière est trop vive, l’artiste dévoile une réalité désenchantée.

eng

Arina Essipowitsch likes to tell stories with her camera. This one takes place in Leipzig where she is currently in residence. For the project, Habitus, she composes, as it is a polyphonic song for three voices, a photographic patchwork using three different formats and techniques, like many witnesses to a single story. Whereas the Polaroids capture the cold reality, the black and white photographs express the ambivalence of a city lost in time.

For a long time under Soviet domination during the Cold War, Leipzig is now experimenting with renewal, becoming an ideal place for the young generation. Still untouched by the capitalist diktats, the city appears like a utopian territory where a time dilatation coexists with the idea of happiness.

In her photographs, Arina Essipowitsch reveals a certain emotional instability carried by this youth, through the portrait of a fragile young girl torn between her personal narrative and an unknown past to which she tries to relate.

Bringing together relics coming from the GDR and contemporary festive objects, the artist exposes the illusion of a prosperous life in Leipzig. The saturated coloured places and forests taken on old GDR film reels are not reassuring. Where the light is too bright, the artist unveils a disenchanted reality.

© Eléonore Gros, 2016